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PAUL WACRENIER 

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Paulwacreniermusic@gmail.com //// 06 73 56 85 39 

DOWNTOWN  MUSIC GALERY ( New York)
 

Earlier this week, a young French pianist named Paul Wacrenier left us with three CDs to check from his groups, the Healing Unit and Orchestra. I don’t recognize any of the musicians here although a couple of them have discs out on the Marge and El Gallo Rojo (Italian) labels. The liner notes by Mr. Wacreneir mention that their music is born out of a great love of tradition and developed over years of exploration. On the opener, “Dog and Cat at Play”, the quintet play the theme together then spin some freer parts in between the written thread. Mr. Wacrenier, who wrote 7 of the 10 pieces, does a great job of arranging complex lines for the trumpet, sax and piano or vibes frontline. When Wacrenier switches to vibes for a few tracks, he knows how to let them ring and resonate a sublime, harmonious cushion underneath the lilting horns. Aside from an older community of creative musicians in France like Joelle Leandre, Marc Ducret and Louis Sclavis, there is an emerging scene of younger musicians coming up, multiplying and exploring. The Healing Unit are one of the more impressive jazz groups I’ve heard in recent memory. I hope to review their expanded orchestra disc next week. - 

Bruce Lee Gallanter, DMG 

Chronique Jazz Magazine janvier 2014 


Une fois n'est pas coutume, voici un jeune groupe qui revendique ouvertement son inscription dans la tradition du jazz, sans pour autant se livrer à l'exercice souvent stérile des "hommages". Leurs références? A l'évidence, l'avant-garde afro-américaine du tournant des années 60, celle qui explorait hardiment de nouveaux horizons musicaux tout en gardant un pied fermement ancré dans le swing et le blues:  Eric Dolphy, Booker Little, Mal Waldron, Andrew Hill, Bobby Hutcherson... Sur un répertoire entièrement original, le quintette distille une musique tout en tension controlée, propulsée par une rythmique au drive incontestable. Certes, les solistes affectionnent un jeu volubile qui gagnerait parfois à se recentrer davantage, et l'enregistrement pâtit d'une prise de son un poil étriquée. Il n'en reste pas moins que l'ensemble séduit par son côté direct et sans esbroufe, et que les quelques passages de piano solo, anguleux et incisifs, donnent envie d'en entendre davanyage de la part du leader officieux du groupe, Paul Wacrenier, musicien à la modernité hors des modes et des tendances.
Pascal Rozat 

Paris Jazz blog fevrier 2014
http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2014/02/19/29242537.html
"... démarche qui consiste à produire une musique puissante, parlante, généreuse, en nous appuyant sur la force de la mélodie et l'énergie du swing".
C'est ainsi que Paul Wacrenier présente la musique de son 5tet. Et autant on partage son credo de début de phrase, autant on peut s'éloigner de sa fin.
Car justement, en écoutant ce très beau CD, une impression tenace s'empare de nous. C'est du free, et pour tout dire, du free des premiers jours, insouciant, déjà sûr de lui, ravageur.
Des thèmes souvent très simples, par moments acidulés, quelques notes répétées parfois, mais qui vrillent la mémoire et qui servent de tremplin aux solos, des thèmes qu'on n'hésitera pas à rejouer au cours même du morceau, à plusieurs reprise : des leïtmotives.
Des frappes rapides, très sèches (pas le balancement du swing), une basse obsédante, une énergie qui ne se dément que rarement, pour une musique qui surgit de l'urgence.
Des solos de trompette incisive (Xavier Bornens faisant claquer, éclater de courtes séquences) ou de sax torturé à l'envie (Arnaud Sacase et ses volutes tourmentées).
De larges séquences en formation de 4tet comme aux premiers temps d'Ornette, ce qui est un comble pour une formation dirigée par un pianiste. Et quand le piano joue, il est souvent percussif, oh sans être torrentiel, mais comme suspendu, l'économie des notes, des clusters, servant l'expressivité.
Et surtout, une musique d'une fraîcheur vivifiante, sans complexe.
Et sitôt formulée, cette impression s'épuise. D'abord les chants ne sont pas tous free. Il y a bien la couleur du free, mais la musique du quintette déborde largement. Quelques références aussi à cette belle épopée du jazz (peut-être même y a -t-il un zeste de Gorge Russel), quelques citations (the good life) et même, me semble-t-il, un écho à la contrebasse d'une ligne de pop (Rolling Stones ?). Ecoutes brouillées, probablement.
Faut-il citer des titres ? Evoquons alors la série des "Run" (un titre qui dit les choses), en particulier le Run2 suivi du Run1 (c'est comme ça), en continuité : des phrases à la trompette comme hachées, un soufle au sax qui s'étrangle parfois, un solo de batterie très enlevé qui se termine en une transcription rythmique du thème avant que de laisser quelques notes au vibraphone apporter un début d'apaisement. Une fin en forme de solo de contrebasse. Ils savent jouer collectif.
Enfin, Geyser/Odd Sea, morceau le plus long du CD, donne à entendre un chant bouleversant au sax alto, tout de vibrato sans pathos, et presqu'à la fin, un long silence, puis un solo au piano du leader, Paul Wacrenier, manière de nous épingler là.
  

"Music to run and shout", un titre de CD très justifié, même si les cris sont plutôt retenus. Une musique qui séduit, originale, créative et sans esbrouffe, un CD hautement recommandable et un groupe à découvrir si possible sur scène....
Guy Sitruk 

ImproJazz juillet 2014 


Quand il est apparu, le free jazz a symbolisé un art libertaire dont les aspirations étaient autant politiques qu’artistiques, et même spirituelles comme le rappel Raphaël Imbert dans son récent ouvrage Jazz Supreme : initiés, mystiques et prophètes (Editions de l’éclat, 2014). 
En 2013 (date de l’enregistrement de ce disque), revisiter les bases et les éléments mêmes de ce type de musique a-t-il un sens ? En empruntant cette voie, Healing Unit ne prend-il pas le risque de verser dans une interprétation « de la redite » ? Je ne le crois pas. Même si, comme ici, leur musique s’inspire des grands anciens (ce que le groupe revendique tout à fait clairement dans les notes de pochette), la free music et ce qui en découle – la creative music, par exemple – demeurent au moins pour une part un activisme qui tente de réveiller les consciences. Car il n’est pas encore venu le jour où France Culture ( pour prendre une chaîne qui s’adresse à un public large sans pour autant faire les choix éditoriaux de TF1) diffusera à heure d’écoue maximale les œuvres d’Ornette Coleman ou celles d’Anthony Braxton. Du reste, prolonger une tradition n’est pas nécessairement la singer. C’est ce que prouve Healing Unit par ce disque au vagabonde historique, partant de la « seconde modalité » (Dolphy, le Second Quintette de Miles Davis, le Sam Rivers de chez Blue Note…), passant par Roscoe Mitchell, Cecil Taylor (et son « ancêtre » Monk) jusqu’à des contemporains tels que Tim Berne ou Dave Douglas, et même, pourquoi pas, Stockhausen et son intuitiv musik ( sur Uncontrolled Memories, un solo de piano du compositeur de toutes les pièces, Paul Wacrenier). Pour ne citer que la plage m’ayant le plus frappé,  Run 2 s’apparente à une irrépressible bulle d’énergier tout à fait excitante. Si aucune personnalité n’émerge réellement de l’ensemble, c’est bien parce que la cohésion du groupe se trouve aux centres des préoccupations de ce quintette. Bref, un album qui s’écoute avec plaisir et qu’Improjazz ne pouvait que soutenir.
Ludovic FLORIN 

Culture Jazz Mars 2014
http://www.culturejazz.fr/spip.php?article2422
Voici un disque qui va chercher son inspiration du coté du jazz des années soixante-soixante dix, qui allie expérience de l’écrit et improvisation la plus libre dans la veine des Eric Dolphy, Art Ensemble Of Chicago, Andrew Hill jusqu’aux expériences de Tony Williams.
Que l’on ne s’y trompe pas c’est un jazz moderne et captivant empli d’un swing d’aujourd’hui que l’on écoute ici, une musique jamais gratuite. Et comme dit par Paul Wacrenier, cette musique est faite pour émouvoir et apporter la joie du jeu collectif à l’auditeur, sans chercher le sensationnel des traits fulgurants qui émeuvent tant les naïfs. S’appuyant sur des mélodies bien construites, sur une énergie positive, une tradition musicale créative, on dit oui à ce collectif qui a la générosité comme moteur. A écouter et espérons le à voir.
Pierre Gros 

 


Chronique dustygroove (chicago) février 2014
http://www.dustygroove.com/item/686101/Healing-Unit:Music-To-Run-Shout
The first effort we've ever heard from The Healing Unit – a powerful quintet from the French scene, and one with a great ear for unified formations in modern jazz! The style here almost hearkens back to the best efforts of cutting-edge combos from the early 60s – groups headed by creative talents like Joe Harriott, Ornette Coleman, or Cecil Taylor – played here with a similar sense of forward-moving energy from the whole ensemble, but which is also very strongly dependent on each individual voice! Most of the music is relatively outside, but never too free – and shares maybe a similar interplay with structure and solos that you'd find in the contemporary Chicago avant scene too. The lineup features Xavier Bornens on trumpet, Arnaud Sacase on alto, Paul Wacrenier on piano and vibes, Mraco Quaresimin on bass, and Benoist Raffin on drums – and titles include "Dog & Cat At Play", "Mais Son Corps Bouge Encore", "Uncontrolled Memories", "Run 3", and "Geyser/Odd Sea".  © 1996-2014, Dusty Groove, Inc 

DJAM la revue, 9 décembre 2014
 

Sorti il y a quelques mois déjà, le dernier opus de Healing Unit mérite que l’on s’y attarde encore. Premièrement parce qu’aucune raison ne devrait nous empêcher de courir et crier, surtout en période de fêtes, à une époque où la sédentarité est pour nos dos endoloris et nos corps obèses synonyme de fléau. Musique salutaire donc. Ensuite et surtout parce qu’attaché à la justice et à la vérité, il fallait le dire sans barguigner : Music to run and shout, c’est bien. Très bien, même.
Précisons : très bien dans un genre assez précis, dont le groupe se départit rarement. Le genre en question n’est pour autant pas le plus audible de la scène actuelle puisqu’il s’agit d’un free extrêmement fidèle aux origines de cette musique qu’inventa Ornette il y a si longtemps, jusque dans ses titres à la précision naïve et poétique tel l’animal « Dog and Cat at Play ». Le thème de ce dernier, composé par le pianiste Paul Wacrenier, ponctue des soli enlevés de tout le quintet, dont un ébouriffant duo trompette/alto (respectivement Xavier Bornens et Arnaud Sacase) : l’immersion dans le New Thing d’Ornette Coleman et consorts, dès lors très troublante, est loin d’être désagréable. Elle rappelle surtout que cette musique a trempé son âme dans un blues chimiquement pur plus que dans les intellections arythmiques et atonales qui s’en sont parfois revendiquées : « Serendipity » et « A Blessed Hill in Fucking Hell » sont des blues évaporés au swing discret mais redoutable.
Healing Unit revendique à juste titre une ouverture et une créativité humble autant qu’anticonformiste. Leur apport à cette scène free est considérable dans ce retour sans tambours ni trompettes aux sources. Pèlerinage que peu de musiciens entreprennent, finalement… Au-delà de ces influences, la qualité des musiciens laisse souvent pantois : Paul Wacrenier, fin compositeur, dévoile un piano à la complexité touffue mais au vocabulaire très clair (Cecil Taylor en filigrane, peut-être), étonnamment mélodique. Comment expliquer autrement l’étrange beauté de sa pièce en solo, « Uncontrolled Memories » ? Autour de lui, la section imprime une texture audacieuse qui par moment flirte avec la pop grâce aux walking bass de Marco Quaresimin (« Run 3 ») tout en imprimant un tempo indéfectible (charleston de Benoist Raffin). L’impression d’une musique tendue comme l’attaque de la trompette de Xavier Bornens est à tempérer en prêtant l’oreille à toutes les couches de cette musique, qui revisite un free désormais classique avec une générosité débridée. Si l’on peut reprocher certains formalismes proches de l’exercice de style, demeurons justes et vrais comme ce quintet : pas de pastiche d’Ornette, malgré les envolées dolphiennes d’Arnaud Sacase. Plutôt une musique tendre et fragile dans cette maîtrise même. Une musique ouverte et riche. Music to run and shout, en liberté.
Pierre Tenne 

 Healing Unit : Music to Run and Shout 

 Healing Unit : Messing Around 

DJAM la revue, 28 février 2016 


Certains albums sont bien nommés. Rarement, certes, mais ça arrive. Messing Around se balade, un peu bordélique, dans de multiples directions, s'enrichit de ses tribulations multiples, revient, repart... On avait quitté le Healing Unit sur un premier album plein de promesses et de séductions, on le retrouve élargi (Sylvaine Hélary s'invite ici avec ses flûtes et son talent) et plein de questions. Celle du jazz, dont on a beaucoup dit depuis plusieurs mois que Paul Wacrenier, pianiste et compositeur, le trempait dans toute une histoire entamée autour des années 1960, polarisée par le free et les diverses avant-gardes qui y virent le jour. ''Mais son corps bouge encore'', nous dit-il avec ses musiciens pour rappeler qu'en dépit des marronniers de journalistes, le jazz n'est pas encore mort : mais Messing Around fait pourtant une part plus belle à des formes évadées du giron ''note bleue'' que son prédécesseur : le goût très orchestral des unissons (la lenteur du thème ''Aerdna''), un travail d'écriture toujours plus élaboré et en quête d'effets parfois symphonique. Si, c'est vrai : le crescendo initial de ''Nyn's Lament''.
 

Beaucoup de questions, beaucoup de bordel, qui font croire qu'on est loin d'avoir tout dit de cette musique lorsqu'on a en listé les influences multiples – quoique fort cohérentes – qu'elle revendique (Mingus, Dolphy, Andrew Hill, etc. lisez l'entretien) et dont elle s'émancipe avec de plus en plus de force. Car si Messing Around va parfois piocher vers une écriture plus expressionniste (ou pire encore : ''Super Ultra Silmutaneis''), des maelstroms aux arrangements plus déstructurés à la polyphonie free (''Run 2''), les titres en reviennent effectivement toujours à ce sentier décidément si clair qu'arpente Wacrenier et ses compères, en quintet, sextet, orchestre, solo. Et tout le reste. Un sentier folâtrant autour du jazz, et dont le Healing Unit propose une définition personnelle mouvante et ouverte ; celle qui leur permet d'intégrer tant d'informations dans une musique qui va irrémédiablement de l'avant, l'humanité aux aguets.
  

De cette humanité palpable dans l'interaction entre les musiciens, qui tous impressionnent dans l'album comme lors du concert qui servit à le lancer, au Sunset, rue des Lombards, le 26 février. 2016 : c'était hier. Enfin avant-hier. La cohérence versatile du propos que seule une écriture de plus en plus ciselée et profonde peut offrir ne serait sans doute rien si elle ne se trouvait portée par ces musiciens-là, qui ne craignent pas de s'adonner aux vices coupables de musiques kaléidoscopes, du très monkien et chromatique ''Fils de Yasmina'' au spectral ''The Calling'' et son évolution vers une marche pétrie de swing, jusqu'à cette sorte de bourrée sous perfusion de groove énervé qui nous fut présenté lors du concert, et qu'on a hâte d’ouïr sur cire.
  

Quels vices, quelle culpabilité d'ailleurs ? Ceux d'un travail collectif à la tournure flamboyante et d'une évidence implacable, désaliénant entièrement les individualités de chacun : Benoist Raffin derrière les fûts, sa pulsation effacée trace de pas sur le sable, soudain tonitrue, à l'instant invente d'autres sons. Le drive de Quaresimin, parfois discret et toujours juste à la basse. Les soufflants (Arnaud Sacase au saxophone, Xavier Bornens à la trompette) et leurs profils complémentaires, que la présence de Sylvaine Hélary, pouvait-on en douter, enrichit de la texture suave des flûtes dont elle fait un usage si savoureux.
  

A tout seigneur tout honneur, Paul Wacrenier continue d'impressionner et de mériter les louanges qu'il récolte un peu plus à chaque concert et chaque album. Son travail sur l'attaque percussive du piano fait entendre plus qu'un travail, plus qu'une attaque ou qu'une démarche, au-delà d'une réflexion artistique : une voix. Une parole que sa seule dimension instrumentale fait déjà percevoir dans sa singularité sur la scène actuelle du jazz français.
  

Album bien nommé d'une unité de soin qui l'est tout autant, Messing Around semble par son bordélisme tout en contrôle ouvrir des pistes imprévisibles pour cette musique qui gagne sans cesse en maturité. Comme l'idée du jazz défendue par son pianiste, son corps n'en finit pas de bouger. Et nous avec.
  

Pierre Tenne 

DOWNTOWN MUSIC GALERY (New York)
  

The Healing Orchestra, like the Healing Unit (reviewed here last week- 8/5/16), is a large ten piece ensemble run by French pianist/vibes player Paul Wacrenier, who wrote all of the compositions and arrangements. The title of the first song, “Made of Sound of Joy”, is takes from a Sun Ra album title and hence, it does have a sprawling Sun Ra-like orchestral sound, from free to tightly played and arranged. Several horns solo at the same time, yet sound well-interconnected. There are two three-part pieces here which make up the bilk of this disc. The first suite is called, “Three Grounds for Being” and it sounds like the heavens are parting with cascading, harp-like horns swirling together, getting freer as it evolves. Mr. Wacrenier mentions the influence of Dollar Brand in the liner notes, the blending of South African folk/Kwela melodies at the center of moving storm does make sense. A number of spirited solos emerge from the different horns reaching out above the Brotherhood of Breath-like expanse. Although the large ensemble has a tendency to go far out, Mr. Wacrenier knows how to reel them back in. It seems hdd to believe that there are no big names here as this music is as strong as anything from the more well known modern jazz orchestras of renown. Wacrenier does play at least one great piano solo himself but that is just icing on an already tasty and thick stew. Extraordinary and unknown, how often does that happen??? -  

Bruce Lee Gallanter, DMG 

 Healing Orchestra: From Now On! 

Jazz news decembre 2015/janvier 2016  "indispensable" Jazznews 


Paul Wacrenier épate. Mieux encore, il évolue et grandit sous nos yeux. Le Healing Unit est devenu Orchestra pour ce From Now On ! qui tranche singulièrement avec le reste de la production se revendiquant plus souvent du out que du in. C’est que le pianiste leader se singularise par sa brillante manière de faire jouer l’orchestre. Réminiscence de la relation très individuelle à l’écriture du Workshop de Mingus ? Attachement à la voix d’ensemble du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden ? Transmutation du blues à la Sun RA ? Un peu de tout ça bien sûr, mais aussi une franche personnalité, qui va droit au but sans oublier la pulsation ni la dynamique que seule une grande technique confère. Savourons donc le présent album et sa force évidente sans s’interdire de penser que la suite se révèlera passionnante. Qu’elle vienne, nous voilà prévenus !
Bruno Guermonprez 

Citizen Jazz 17 janvier 2016 


Paul Wacrenier fait aujourd’hui partie des jeunes musiciens qui comptent sur la scène jazz improvisée française. En témoigne ce From Now On !, enregistré avec son Healing Orchestra. Le disque est la captation d’un concert donné par l’orchestre au conservatoire de Bobigny le 10 janvier 2015. On y entend une musique énergique, généreuse et fraternelle mêlant parties très écrites et passages totalement improvisés dans une veine très libertaire héritée des grands anciens (Charles Mingus, Andrew Hill, Eric Dolphy, Ornette Coleman). Les mélodies sont soignées ; les arrangements font la part belle aux soufflants (mention spéciale aux saxophonistes Arnaud Sacase et Jean-François Petitjean). Les différents timbres des instruments et la manière dont ils se combinent apportent des couleurs originales et maintiennent l’auditeur sous tension. La rythmique, à la fois souple et solide, soutient l’orchestre sans faillir. Paul Wacrenier développe une approche très percussive de son instrument et dirige l’ensemble avec bienveillance. Le concert se clôt avec une seconde version de « Made of Sound of Joy », morceau qui l’avait vu débuter, hymne positiviste de l’orchestre à la mélodie entêtante.
En bonus, le dernier titre de l’album, « Living Things », est un joli duo des flûtistes régulières de l’orchestre, Fanny Ménégoz et Sylvaine Hélary (absentes lors du concert de Bobigny). Aérien, gracile et enlevé.
Julien Aunos 

JazzMagazine / Jazzman février 2016 


Un big band français qui pratique un jazz ouvert aux accents libertaires et revendique les expériences des Mingus, Dolphy, Roach, et même Dollar Brand ou William Parker, ça ne court pas les rues! Saluons donc le flair de Gérard Terronès qui les accueille sur son label pour cet enregistrement live au conservatoire de Bobigny : soit dix musiciens peu connus, mais fortement impliqué dans le projet porté par le pianiste, vibraphoniste et compositeur Paul wacrenier. Un projet que Wacrenier définit comme: "une oeuvre collective et engagée, dans la musique, dans le temps, porteuse d'une révolte créatrice joyeuse et pleine d'enthousiasme". Un bel espace est laissé aux souffleurs (deux trompettes et trois saxes) autour d'une rythmique pleinement engagée et d'un violoncelle malicieux (Mairo Basilio) . Une belle surprise hivernale qui clame haut et fort l'union, a création, la révolte et la jouisance, ce qui ne pourra pas déplaire aux nostalgiques de mai 68! On espère pour les Parisiens que Terronès les programmera bientôt à la Java. A retrouver en effectif réduit autour de Sylvaine Hélary au Sunset le 26 février.
Lionel Eskenazi 

DJAM La revue, septembre 2015
 

Comment dire ?
  

Comment dire l’obésité, l’obscénité d’une production musicale qui en ces temps de rentrée charrie chaque  jour ses théories de disques, albums, EP, clips, etc. ? Comment dire ce bruit permanent qui assourdit jusqu’à l’oubli de ce qui nous a fait nous prendre de passion pour cette musique-là ? Comment dire, et c’est plus intéressant, pourquoi certains musiciens s’en évadent, et nous emportent avec eux  ?
  

From Now On ! réunit dix de ces musiciens. L’évasion qu’ils proposent n’est pas affaire de virtuosité, malgré le vocabulaire étonnamment polymorphe du leader et compositeur Paul Wacrenier, son piano tour à tour aérien sous le coup d’arabesques lyriques (« Dancing Breeze »), d’une densité déroutante, derrière le temps et dans les aigus, pour retrouver comme une citation de stride, car effectivement, « Blues Is For Tomorrow ». Rien de plus vrai ! Cette évasion qui ne réside pas plus dans le long solo de basse de Yoram Rosilio sur « Impatience », les deux pieds dans des racines blues exprimées avec une force brute qui ne fait pas fi de la délicatesse (leçon de Mingus ou de Haden?), ni dans les improvisations désorientées mais droites au but des cuivres, Arnaud Sacase à l’alto, Léo Jeannet et Xavier Bornens à la trompette… Et pardon si je ne cite pas tout le monde.
  

Passons donc sur la virtuosité. Le Healing Orchestra poursuit plusieurs chemins vers cette musique qu’ils veulent et font sincères. Faire sonner l’orchestre : unisson hiératique du thème de « Made of Sound of Joy », thème à la simplicité inconvenante de swing que l’orchestration tirerait presque vers le bop le plus pur. Déferlements d’énergies très free (« The Black Cats Say », entre autres) qui s’en remettent ultimement et sans cesse aux mélodies concoctées par Wacrenier, à la tête d’un vrai big band de jazz. Explorer le silence. Construire un discours sans artifice depuis des traditions très clairement revendiquées, travaillées, écoutées, du jazz aux musiques d’Europe de l’est dont le bourdon fournit la matière de la suite « Three Grounds for Being ». Tenter une musique intelligente et exigeante dont l’enjeu premier reste toujours le groove, le swing, l’évidence.
  

Dire cette évasion et ces chemins très clairs (prolongés par un duo des flûtistes Sylvaine Hélary et Fanny Ménégoz). Sans se soucier au fond du comment, des influences revendiquées autant qu’insatisfaisantes à rendre compte à elles seules de cette musique touchante car singulière (à la vanvole : le William Parker du Little Huey Orchestra, forcément Dolphy et Andrew Hill, le workshop de Mingus, un soupçon de Sun Ra et de Max Roach pour les vicieux, que sais-je.) Peu importe après tout, si ce n’est pour dire encore les talents d’écriture de Wacrenier et d’improvisation de ces musiciens. La dire une dernière fois, pour ne pas rajouter au bruit ambiant, et céder la parole au Healing Orchestra, qui, comment dire ? convainc par l’évidence de sa nécessité 

Pierre Tenne

 

Jazzman/Jazz Magazine
Du Jazz à La Java // Convert Review
Mardi, 10 Février 2015 19:15 | Écrit par Paul Jaillet
 

Un lundi par mois, l'infatigable résistant-militant de la cause du jazz, Gérard Terrones, le producteur équitable de musiques improvisées, organise avec opiniatreté des concerts toujours très ébouriffants, dans un lieu chargé d'histoire. Ce soir, au menu, c'est grand format
  

Dehors, le froid hivernal règne mais à l'intérieur la cave est chaleureuse. Un vrai big band fortement cuivré, il ne fallait surtout louper cela.
Cette superbe brochette de sept énergiques soufflants avait fière allure et dominait de sa hauteur un violoncelliste très mobile, astucieusement placé au premier plan. Sur le côté, un peu déservi par le piano droit du lieu, le chef, Paul Wacrenier, attentif et gentiment directif. A l'arrière plan, la rythmique assure un indéfectible soutien.
Au programme du premier set trois compositions originales du leader soit une musique créative forte et généreuse. On y retrouve l'influence assumée du little Huey Orchestra de William Parker, du Liberation Music Orchestra de Charles Haden, de la Great Black Music, du big band de Count Basie et aussi d'inventeurs révolutionaires comme Gunther Schuller et George Russell. Ce collectif fertile produit des alliances-alliages capiteuses très originales : duos très libertaires entre le baryton et le ténor, dialogue à l'archet entre contrebasse et violoncelle, sax alto rageur soutenu par de fougueuses trompettes, puissant mellophone fanfaron, agiles flutes primesautières, percusions pertinentes...... Ce big band dégage une formidable impression d'énergie positive communicative. Au second set, Leila Martial, vient joindre sa voix polissonne de funambule scatteuse aux envolées  rageuses de ce terrible orchestre qui réussit à combiner, avec malice, écriture recherchée et improvisation très libre.
Healing Orchestra était, en janvier dernier,  en résidence à Bobigny et a enregistré pour publier prochainement un CD. Affaire à suivre....
Healing Orchestra existe aussi en petit format. Sous l'appelation Healing Unit, ce quintet a publié sur le label Hôte Marge, un CD aux parfums furieusement Blue Note grande époque.
Paul Jaillet 

 Healing Unit: Repeat Please! 

Salt Peanuts 

 

French pianist-percussionist-composer Paul Wacrenier leads to Healing ensembles- the Unit quintet and the larger Orchestra, but both follow the legacy of the first generation of free jazz musicians: Eric Dolphy, Don Cherry, the Art Ensemble of Chicago, Chris McGregor’s The Blue Notes and Brotherhood of Breath, Steve Lacy and Andrew Hill. Both ensemble share the same philosophy (and personnel): total freedom, collective sound balanced with personal initiatives and an inclusive perspective of music – especially creative, improvised music – as an art with liberating energies and social, emancipatory vision. 

«Please Repeat!» is the third album of the Healing Unit, recorded live in March 2018, and features the eight-parts «The Repeat Please! Suite» by Wacrenier plus a short piece by sax player Arnaud Sacase, «La Chanson d’Albert», an emotional tribute to Albert Ayler. The unit has established its own distinct sound – urgent, vibrant and powerful, always rooted in in the rich legacy of jazz and with evocative melodies and driving rhythms. Or as Wacrenier describes it, «surprises the owners of tradition as well as the defenders of avant-garde». 

You can simply enjoy the many, colorful veins of modern and free jazz schools intertwined and converge in Wacrenier’s suite and its beautiful centerpieces «Blues fo AEC» and the mysterious «Deep Night, Clear Fire» or the Ayler-ian anthem «La Chanson d’Albert». Or just marvel at the Unit engaging interplay and elegant delivery of the Healing Unit as it sends its own powerful messages about hopes, dreams and mysteries and music as the healing force of the universe. History, all histories, even the one of jazz, may not repeat itself in its full glory but you can trust the joyful energies of the Healing Unit as it pays its respect to such great heritage. 

Eyal Hareuveni 

SALT PEANUTS 

 

French composer-pianist-percussionist Paul Wacrenier has expanded his jazz piano studies with studies of ancient and modern and percussion instruments – the Zimbabwean Shona tradition of playing the m’bira and the kalimba and the Western vibes. The Healing Orchestra, an extension of his Healing Unit quintet, is only one of Wacrenier working groups. He collaborated recently Danish player Sven Dan Meinild with their Living Things ensemble that produced last year the debut album «Upwind Circles» on Barefoot Records. 

Wacrenier extensive knowledge of the jazz legacy as well as of African ancient musical tradition enables him to suggest a highly personal language that moves freely between the compositional ideas and improvising strategies of Charles Mingus Ensembles or the Art Ensemble of Chicago, pianists like Randy Weston and Abdullah Ibrahim and the orchestral works of double bass and guimbri player William Parker. The debut album of the Healing Orchestra, recorded live throughout 2015, replicate the dreams and shouts, fury and mystery that can be found in ages-old African music and in Afro-American forward-thinking, politically-motivated jazz of recent decades. 

The Healing Orchestra is a tentet that sounds as an energetic collective that plays with great passion and sense of urgency, already reaffirming its message on the opening piece, «Made of Sound of Joy». The following, three-parts suite «Three Grounds for Being» sketches the Orchestra broad palette of colors and moods. Its lyrical tone enables the brass, reeds and rhythm section to suggest a kind of a mysterious-timeless ritual and to form the organic basis for the Orchestra inclusive vocabulary. The following «Impatience», with its lengthy duo introduction of bass player Yoram Rosilio and drummer Benoist Raffin, cements the Mingus-ian seminal influence. This piece builds patiently its powerful, swinging momentum until the whole Orchestra bursts with full energy. 

The next suite «Jazz Is Empowerment» begins with a poetic, contemplative mode, reflecting on the jazz legacy in the introduction of «The Great Black Cats Say». Soon it distills the ancestors knowledge and wisdom into an uplifting, urgent celebration, later revisiting the swinging blues roots on «Blues is for Tomorrow» and concluding with a burning reprise of the opening «Made of Sound of Joy». This impressive journey ends with the beautiful and peaceful melody «Living Things», played by the flutists duo of Fanny Ménégoz and Sylvaine Hélary. 

Eyal Hareuveni 

Paris Move 

 

“Repeat Please” est le troisième album de HEALING UNIT et la N+1 sortie du label “Le fOndEuR De Son” pour qui le mot Innovation n’est pas vain et qui en fait le sceau de la qualité proposée! Je serais d’ailleurs tenté d’écrire que Paul Wacrenier, le leader du groupe, est à l’image du label puisqu’il travaille avec quatre formations simultanément, toutes découvreuses de nouvelles sonorités et exploratrices d’harmonies nouvelles. Et je suis heureux de pouvoir vous faire découvrir des formations et un label qui refusent de se fondre dans le moule de cette abominable et insipide musique formatée et stéréo-typée que l’on nous inflige à longueur de journée, et d’année, sur les ondes des radios commerciales ou de celles qui se positionnant avec fausse pudeur comme non-commerciales. Saluons donc comme il se doit le label en question, et je vous recommande vivement de découvrir ces formations que le label vous propose, sans ce marketing lourdingue qui colle trop bien à certaines majors.
La formation dont nous vous parlons aujourd’hui, HEALING UNIT, fait partie de celles qui osent, innovent, perturbent ou secouent les frontières et les neurones, tout comme le Healing Orchestra, combo de 10 musiciens dont le pianiste est roi de la fête, ou encore le Living Things avec ses 5 musiciens et Black où ce même leader hyperdoué joue en duo avec Julien Sora au saxophone alto. Cet album a été enregistré en Live en mars 2018 et il vous démontre, oui, que la vérité vraie sort le plus souvent des sets réalisés hors studio.
La cover de l’opus, de Sven Meinild, est une partition graphique réalisée à partir de l’enregistrement. Rien d’étonnant donc si l’on retrouve dans celle-ci comme l’évocation d’un travail collectif fusionnel malgré les traits qui délimiteraient des secteurs ou zones d’attractivité. En fait, HEALING UNIT vous propose une musique expressionniste… née des impressions de chaque musicien. Et pour ne pas les oublier, saluons Xavier Bornens à la trompette, Arnaud Sacase au saxophone alto, Marco Quaresimin à la contrebasse et Benoist Raffin à la batterie. Le tout sous la direction du génial pianiste/ compositeur qui signe tout sauf “La Chanson d’Albert”, qui est du saxophoniste Arnaud Sacase. A l’instar du label et de l’artiste, nous voilà découvreurs de nouveaux talents et, surtout, témoins du renouveau de cette musique en perpétuelle mutation qu’est le Jazz. Un album qui fera date! 

Dominique Boulay 

Citizen jazz février 2019 

 

Un pianiste comme Paul Wacrenier est un artiste qui s’inscrit dans un genre et dans une tradition. Dans le petit monde du Free Jazz francophone, il fait partie des incontournables grâce à ses collaborations avec Yoram Rosilio, Thierry Mariétan ou Tomasz Dabrowski. Avec son entité Healing Unit, qui devient Orchestra lorsqu’elle est élargie, Wacrenier impose une musique référentielle et nerveuse qui sillonne tout aussi aisément les rivages de l’AACM que ceux d’Ornette ou de Dolphy. Dans Please Repeat, son dernier album avec son Unit réduite à son plus simple appareil en quintet, le morceau justement nommé « Opening » est un modèle du genre : sur une rythmique impeccable tenue fermement par la contrebasse de Marco Quaresimin que l’on sent influencé par William Parker, le saxophone (alto, forcément alto) d’Arnaud Sacase se chicane avec la trompette très âpre de Xavier Bornens. De cette collision, célébrée par des interventions sporadiques mais enflammées du clavier, naît une suite habile et raffinée qui occupe tout l’album. 

C’est d’ailleurs ce qui s’épanche de « Blues For AEC » qui débute dans une note tenue de vibraphone, pont avec le morceau précédent ; une prolongation du rapport de force engagé dès le début de l’album. Dans un exercice là aussi très référentiel, le Healing Unit fait preuve d’une solidité à toute épreuve. Au-delà de la contrebasse, brillante de bout en bout et s’offrant un solo remarquable, c’est le batteur Benoist Raffin qui impressionne par sa capacité à contenir les assauts avec autorité mais sans agitation, fruit d’une rigueur qui irise tout le quintet. 

Dans ce contexte, Wacrenier jouit d’une liberté sans nulle pareille, telle qu’on peut l’entendre sur « Too New or Not to New », dans un beau dialogue avec Quaresimin. On le savait maîtriser un jeu percussif, mais la palette s’est étendue. Sur « Decision », il s’offre même quelques instants d’un lyrisme très concertant avec les deux soufflants qui dansent sur les cymbales de Raffin, lui aussi un proche de Rosilio, dont le label Le Fondeur de Son édite cet album. Le précédent album du Healing Unit, Messing Around était augmenté de Sylvaine Hélary. Sans la flûte, le ton de l’orchestre est plus rugueux, écorché, et s’offre moins d’espace. C’est dans ce confinement désiré que naît une puissance concentrée qui explose parfois à basse intensité, comme un trop plein (« Outro »). C’est aussi la clé d’une formule maîtrisée et très efficace où la jubilation est partagée entre musiciens et auditeurs. Un travail soigné. 

Franpi Barriaux 

 Jazz à Paris  mai 2019 

 

«Repeat please» , une autre, encore ! Jusqu’à plus soif, et encore ... C’est cet irrépressible élan pour encore plus de plaisir, pour s’ouvrir aux autres.
Pour un bonheur musical qui ne s’embarrasse pas des styles successifs qu’a trouvé le jazz afin de faire jaillir cette jouissance de l’instant. C’est le but même de Paul Wacrenier via les huit des neuf compositions de l’album dues à sa plume, dont le thème qui donne son nom à l’album « Repeat Please ».
Une pièce dans laquelle les notes aériennes du vibraphone font traverser des décennies.Et quand le temps du trio cuivre-basse-batterie arrive, d’abord avec le sax puis la trompette, l’intensité voire la rugosité des premiers temps du Free resurgit, comme lors d’une nouvelle naissance, servies par une section rythmique incisive et inventive.
Du Free, du Blues, du Be-bop, du swing ... Something Else ? On trouve une sorte de concentré de cette ambition dans « Blues for AEC ». Un thème qui éveille des souvenirs du côté de Miles et peut-être d’Art Blakey mais dont les développements auraient ravi Dolphy, Coltrane, Ayler et d’autres. Et cela d’une manière radicalement neuve, authentique et festive. Quand l’amour ne se fait pas servile.
Benoist Raffin et ses frappes délicates excellent dans « Deep night, Clear fire », d’abord sous forme d’un long solo, puis avec un motif rythmique simple - 3 puis 4 frappes - répété inlassablement avec parfois de subtiles irrégularités. Quand l’hypnose s’installe , des infrasons aux cuivres, des matières délicatement travaillées, à basse intensité, comme une musique qui ne voudrait pas naître mais qui s’impose déjà.
« Decision » commence comme finissent bien d’autres morceaux de jazz, avec des touchers de piano vaguement churchy, des efflorescences multiples de cuivres, une légère emphase et un sens mélodique très marqué. Une forme d’introduction à la pièce suivante, « Full Moon Fanfare », irrésistiblement dansante, avec un bel accent afro-cubain (une biguine ?), avec des lignes de cuivres enchevêtrées, un superbe solo de Paul Wacrenier où les styles s’emmêlent, et qui se poursuit avec cette pièce en forme de question quasi existentielle «Too new or not too new » et un beau dialogue sax trompette hors de tout autre instrument.
Et la boucle se referme sur « Outro », une sorte de reprise des thèmes, parfois à peine esquissés, avec « Blues for AEC » comme pivot. Une manière de finir la fête en nous rappelant les bons moments passés ensemble .
Et comme le public en redemande , une « Chanson d’Albert », due cette fois à la plume d’Arnaud Sacase, une forme de geyser emphatique et festif, qui souligne sa cohérence avec le reste de l’album. 

On reste saisit par le talent d’écriture de Paul Wacrenier tant les lignes s’enchevêtrent avec précision, tant les styles musicaux s’entrecroisent avec naturel et trouvent là comme une virginité originelle, tant les matières sonores s’emboîtent juste à leur places. Avec Marco Quarisimin (b) et Benoist Raffin (dr), la section rythmique est aiguisée, puissante, inventive. Et les deux souffleurs, Arnaud Sacase et Xavier Bornens ont trouvé là l’écrin qu’il leur fallait pour faire épanouir leur verve, leur sens mélodique et leur connivence.
Le sentiments que le Healing Unit a fortement progressé et qu'il est devenu un "all stars".
Une très belle réussite publiée par le Fondeur de Sons cher à l’infatigable militant des aventures musicales qu’est Yoram Rosilio (LFDS007) 

Guy sitruk  

JazzWord (Toronto) MAi 2019  

 

An infectious FreeBop session, mostly dedicated to pianist/vibraphonist Paul Wacrenier’s eight-part Repeat Please suite, it shows these five young veterans of the French scene adroitly extending their approach by injecting a bit of South African Kwela into the program. This admixture is most prominent on “Full Moon Fanfare” and the concluding “La Chanson d’Albert”, the latter of which was composed by alto saxophonist Arnaud Sacase. 

The latter tune is a fitting session summation. It also references the New Thing by breaking up Hi Life inflections with high-pitched but controlled cacophony via the saxophonist’s tongue-stopped slurs, Xavier Bornens’ plunger trumpet blats and trundling piano chords. However it’s the free-form jumps of “Full Moon Fanfare” which signal a climax of the suite as capillary trumpet brays and curvaceous reed trills intermingle with equatorial keyboard runs to demonstrate the contrasting dynamics suggested and connections made during the program. 

Suturing of these sounds with Soweto inferences is obvious as early as “Repeat Please”, the suite’s first amplifications. Here Wacrenier’s sinewy vibe positions and parallel lines add sonic possibilities to execution of theme with its echoes of “Salt Peanuts”. Buttressed by stropping strings from bassist Marco Quaresimin and positioned smacks from drummer Benoist Raffin the portrait is subtly colored with mallet shimmers, brass grace notes and saxophone slurs. And these musical surprises multiply as the sequences progress. As a pianist, Wacrenier confirms his light- fingered almost Swing era tasteful syncopation on “Too New or not Too New”, but without ever losing his worldly rhythmic sense. While even more surprisingly, Sacase creates his pitch-jumping solo on “Blues for AEC” with a tone that’s half Peter Brown-like wide intervals and half Eric Dolphy-like spirited dissonance. 

Free spirited and funky, but without every going overboard in any direction, Healing Unit and its members confirm the promise they’ve shown on earlier performances. 

—Ken Waxman 

 Healing Orchestra: Free Jazz for the People! 

Citizen jazz     Album« élu » citizen jazz 

 

Lorsqu’on entame un nouvel album, avec un Healing Orchestra étoffé d’une figure du jazz européen comme Sylvain Kassap par « Article 35 de l’an I », soit la décision la plus révolutionnaire de la Constitution de 1793 [1], on se range sans discussion dans un jazz de combat. Alors que le saxophone ténor de Jean-François Petitjean, portant en lui les fièvres d’un Julius Hemphill, fait entrer l’ensemble des treize musiciens du Healing dans la mêlée, le pianiste Paul Wacrenier, meneur de troupe qui laisse la place au collectif, prend le relais. Pour ordonner, pense-t-on ? On n’ordonne pas un orchestre comme le Healing Orchestra, on le guide à la grande rigueur... Et son jeu percussif ne fait qu’ajouter de l’entropie à une meute de soufflants joyeux et lyriques : les deux trompettes de Leo Jeannet et Xavier Bornens entonnent les lendemains qui chantent, le baryton de Jon Vicuna découpe le temps avec la batterie de Benoist Raffin, la flûtiste Fanny Ménégoz est insaisissable de liberté. 

Ménégoz, membre par ailleurs du Surnatural Orchestra et de l’ONJ version Dracula, se découvre chanteuse plus loin sur « Spirit of Mal », une œuvre plus douce, où Wacrenier va chercher dans les émotions quelques hommages aux maîtres. Il y en aura d’autres : tout au long de ce double album pensé comme deux faces de vinyles, on croise les figures mingussiennes, nécessaires (« Battling Soul of C.M »), mais aussi un formidable clin d’œil au Liberation Music Orchestra (« L’Estaca », joyeux et grave) ou à d’autres figures comme Gato Barbieri ou Roswell Rudd Free Jazz For People n’est pas une célébration compassée et nostalgique, c’est un rassemblement des forces pour mieux envisager le futur. Une manière de se compter, l’instant décisif de toutes luttes. Lorsque sur « Confluences », Sylvain Kassap, qui dirige ce morceau, souligne un travail rythmique d’équilibriste (Wacrenier au vibraphone), l’orchestre cherche clairement d’autres directions et ne s’en tient pas à de simples constats historiques : la trompette de Xavier Bornens qui clôt une montée d’intensité braxtonienne est là pour le prouver : il y a toujours un besoin de chercher de nouvelles voies ensemble, de chevaucher le chaos. 

Paul Wacrenier est proche de Yoram Rosilio, et sort Free Jazz For People sur son label Le Fondeur de Son. Les deux musiciens partagent indubitablement une lecture très politique de leur musique, et ce présent disque est un manifeste , une volonté de rassembler. Le disque s’appelle Free Jazz For People. Il aurait pu s’appeler Jazz For Free People et s’offrir tout le luxe de la Liberté. Il s’agit de repartir à la base, de reposer des fondamentaux pour mieux repartir à l’assaut. C’est sensible dans la « Fraternity Suite » qui clôt la Face B, avec notamment une très belle prise de parole de la violoniste Sarah Colomb (à suivre de très près) sur « Fraternity is ». Il y a une joie du collectif dans cette suite qui est immédiatement sensible, une musique qui est faite pour galvaniser et préparer aux heurts et se range sans hésiter sous la bannière de Carla Bley. Paul Wacrenier et son Healing Orchestra tapent fort pour ce début d’année 2022. En cette période de marasme, c’est exactement ce dont nous avions besoin. 

Franpi barriaux 

Point break  podium de la semaine 

 

Urgents, rigolards ou furieusement fédérateurs. Soyons d’accord, les slogans, punchlines et autres riffs militants grondent toujours un peu. Et c’est tant mieux. Free Jazz for the People! Vient de rejoindre les troupes. Album tout neuf du Healing Orchestra mené par Paul Wacrenier, il s’est enregistré en janvier et octobre 2020, par-delà les confinements et avec l’aide de Sons d’hiver et du Petit Faucheux. Entre ces deux bornes, l’orchestre dépassent les siennes de bornes. Boostant les principes natifs du Free Jazz, le pianiste fait le choix d’une musique ressource, d’une musique égalitaire, cousine du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden et Carla Bley. Mais bien au-delà d’une reconstitution à la française du grand ensemble, le Healing s’impose ailleurs. Bien entendu les titres des tracks laissent voir des préoccupations communes, Fraternity ou Confluences, bien sûr une reprise comme celle de L’Estaca, hymne libertaire catalan écrit par Lluis Llach, peut évoquer les Cuatro Generales du Liberation. Mais les luttes sont faites de jonction et de transversalités, on le sait. Point barre. Wacrenier et son Healing établissent d’évidence des barricades free personnelles. Battling Soul of CM, traque un Mingus bagarreur, Spirit Of Mal a des allures de blues romantique et décharné dédié à Waldron. Le reste des masses instrumentales est impressionnant de maitrise et de légèreté. De liberté et de plaisir de jouer. La présence de Sylvain Kassap, trublion défricheur historique en guest ici, n’ote rien au bonheur de ce disque. Émouvant en diable, divinement populaire.

Guillaume malvoisin