NOUVELLE Chronique DOWNTOWN MUSIC GALERY (New York)
 
The Healing Orchestra, like the Healing Unit (reviewed here last week- 8/5/16), is a large ten piece ensemble run by French pianist/vibes player Paul Wacrenier, who wrote all of the compositions and arrangements. The title of the first song, “Made of Sound of Joy”, is takes from a Sun Ra album title and hence, it does have a sprawling Sun Ra-like orchestral sound, from free to tightly played and arranged. Several horns solo at the same time, yet sound well-interconnected. There are two three-part pieces here which make up the bilk of this disc. The first suite is called, “Three Grounds for Being” and it sounds like the heavens are parting with cascading, harp-like horns swirling together, getting freer as it evolves. Mr. Wacrenier mentions the influence of Dollar Brand in the liner notes, the blending of South African folk/Kwela melodies at the center of moving storm does make sense. A number of spirited solos emerge from the different horns reaching out above the Brotherhood of Breath-like expanse. Although the large ensemble has a tendency to go far out, Mr. Wacrenier knows how to reel them back in. It seems hdd to believe that there are no big names here as this music is as strong as anything from the more well known modern jazz orchestras of renown. Wacrenier does play at least one great piano solo himself but that is just icing on an already tasty and thick stew. Extraordinary and unknown, how often does that happen??? - Bruce Lee Gallanter, DMG
NOUVELLE Chronique DOWNTOWN  MUSIC GALERY ( New York)
 
Earlier this week, a young French pianist named Paul Wacrenier left us with three CDs to check from his groups, the Healing Unit and Orchestra. I don’t recognize any of the musicians here although a couple of them have discs out on the Marge and El Gallo Rojo (Italian) labels. The liner notes by Mr. Wacreneir mention that their music is born out of a great love of tradition and developed over years of exploration. On the opener, “Dog and Cat at Play”, the quintet play the theme together then spin some freer parts in between the written thread. Mr. Wacrenier, who wrote 7 of the 10 pieces, does a great job of arranging complex lines for the trumpet, sax and piano or vibes frontline. When Wacrenier switches to vibes for a few tracks, he knows how to let them ring and resonate a sublime, harmonious cushion underneath the lilting horns. Aside from an older community of creative musicians in France like Joelle Leandre, Marc Ducret and Louis Sclavis, there is an emerging scene of younger musicians coming up, multiplying and exploring. The Healing Unit are one of the more impressive jazz groups I’ve heard in recent memory. I hope to review their expanded orchestra disc next week. - Bruce Lee Gallanter, DMG
A propos de Paul Wacrenier
A propos de HEALING UNIT: Messing Around
DJAM la revue, 28 février 2016
Certains albums sont bien nommés. Rarement, certes, mais ça arrive. Messing Around se balade, un peu bordélique, dans de multiples directions, s'enrichit de ses tribulations multiples, revient, repart... On avait quitté le Healing Unit sur un premier album plein de promesses et de séductions, on le retrouve élargi (Sylvaine Hélary s'invite ici avec ses flûtes et son talent) et plein de questions. Celle du jazz, dont on a beaucoup dit depuis plusieurs mois que Paul Wacrenier, pianiste et compositeur, le trempait dans toute une histoire entamée autour des années 1960, polarisée par le free et les diverses avant-gardes qui y virent le jour. ''Mais son corps bouge encore'', nous dit-il avec ses musiciens pour rappeler qu'en dépit des marronniers de journalistes, le jazz n'est pas encore mort : mais Messing Around fait pourtant une part plus belle à des formes évadées du giron ''note bleue'' que son prédécesseur : le goût très orchestral des unissons (la lenteur du thème ''Aerdna''), un travail d'écriture toujours plus élaboré et en quête d'effets parfois symphonique. Si, c'est vrai : le crescendo initial de ''Nyn's Lament''.
 
Beaucoup de questions, beaucoup de bordel, qui font croire qu'on est loin d'avoir tout dit de cette musique lorsqu'on a en listé les influences multiples – quoique fort cohérentes – qu'elle revendique (Mingus, Dolphy, Andrew Hill, etc. lisez l'entretien) et dont elle s'émancipe avec de plus en plus de force. Car si Messing Around va parfois piocher vers une écriture plus expressionniste (ou pire encore : ''Super Ultra Silmutaneis''), des maelstroms aux arrangements plus déstructurés à la polyphonie free (''Run 2''), les titres en reviennent effectivement toujours à ce sentier décidément si clair qu'arpente Wacrenier et ses compères, en quintet, sextet, orchestre, solo. Et tout le reste. Un sentier folâtrant autour du jazz, et dont le Healing Unit propose une définition personnelle mouvante et ouverte ; celle qui leur permet d'intégrer tant d'informations dans une musique qui va irrémédiablement de l'avant, l'humanité aux aguets.
 
De cette humanité palpable dans l'interaction entre les musiciens, qui tous impressionnent dans l'album comme lors du concert qui servit à le lancer, au Sunset, rue des Lombards, le 26 février. 2016 : c'était hier. Enfin avant-hier. La cohérence versatile du propos que seule une écriture de plus en plus ciselée et profonde peut offrir ne serait sans doute rien si elle ne se trouvait portée par ces musiciens-là, qui ne craignent pas de s'adonner aux vices coupables de musiques kaléidoscopes, du très monkien et chromatique ''Fils de Yasmina'' au spectral ''The Calling'' et son évolution vers une marche pétrie de swing, jusqu'à cette sorte de bourrée sous perfusion de groove énervé qui nous fut présenté lors du concert, et qu'on a hâte d’ouïr sur cire.
 
Quels vices, quelle culpabilité d'ailleurs ? Ceux d'un travail collectif à la tournure flamboyante et d'une évidence implacable, désaliénant entièrement les individualités de chacun : Benoist Raffin derrière les fûts, sa pulsation effacée trace de pas sur le sable, soudain tonitrue, à l'instant invente d'autres sons. Le drive de Quaresimin, parfois discret et toujours juste à la basse. Les soufflants (Arnaud Sacase au saxophone, Xavier Bornens à la trompette) et leurs profils complémentaires, que la présence de Sylvaine Hélary, pouvait-on en douter, enrichit de la texture suave des flûtes dont elle fait un usage si savoureux.
 
A tout seigneur tout honneur, Paul Wacrenier continue d'impressionner et de mériter les louanges qu'il récolte un peu plus à chaque concert et chaque album. Son travail sur l'attaque percussive du piano fait entendre plus qu'un travail, plus qu'une attaque ou qu'une démarche, au-delà d'une réflexion artistique : une voix. Une parole que sa seule dimension instrumentale fait déjà percevoir dans sa singularité sur la scène actuelle du jazz français.
 
Album bien nommé d'une unité de soin qui l'est tout autant, Messing Around semble par son bordélisme tout en contrôle ouvrir des pistes imprévisibles pour cette musique qui gagne sans cesse en maturité. Comme l'idée du jazz défendue par son pianiste, son corps n'en finit pas de bouger. Et nous avec.
 
Pierre Tenne
 
Healing Unit, Messing Around, Petit Label, 2016
JazzMagazine / Jazzman février 2016
Un big band français qui pratique un jazz ouvert aux accents libertaires et revendique les expériences des Mingus, Dolphy, Roach, et même Dollar Brand ou William Parker, ça ne court pas les rues! Saluons donc le flair de Gérard Terronès qui les accueille sur son label pour cet enregistrement live au conservatoire de Bobigny : soit dix musiciens peu connus, mais fortement impliqué dans le projet porté par le pianiste, vibraphoniste et compositeur Paul wacrenier. Un projet que Wacrenier définit comme: "une oeuvre collective et engagée, dans la musique, dans le temps, porteuse d'une révolte créatrice joyeuse et pleine d'enthousiasme". Un bel espace est laissé aux souffleurs (deux trompettes et trois saxes) autour d'une rythmique pleinement engagée et d'un violoncelle malicieux (Mairo Basilio) . Une belle surprise hivernale qui clame haut et fort l'union, a création, la révolte et la jouisance, ce qui ne pourra pas déplaire aux nostalgiques de mai 68! On espère pour les Parisiens que Terronès les programmera bientôt à la Java. A retrouver en effectif réduit autour de Sylvaine Hélary au Sunset le 26 février.
Lionel Eskenazi.
Citizen Jazz 17 janvier 2016
Paul Wacrenier fait aujourd’hui partie des jeunes musiciens qui comptent sur la scène jazz improvisée française. En témoigne ce From Now On !, enregistré avec son Healing Orchestra. Le disque est la captation d’un concert donné par l’orchestre au conservatoire de Bobigny le 10 janvier 2015. On y entend une musique énergique, généreuse et fraternelle mêlant parties très écrites et passages totalement improvisés dans une veine très libertaire héritée des grands anciens (Charles Mingus, Andrew Hill, Eric Dolphy, Ornette Coleman). Les mélodies sont soignées ; les arrangements font la part belle aux soufflants (mention spéciale aux saxophonistes Arnaud Sacase et Jean-François Petitjean). Les différents timbres des instruments et la manière dont ils se combinent apportent des couleurs originales et maintiennent l’auditeur sous tension. La rythmique, à la fois souple et solide, soutient l’orchestre sans faillir. Paul Wacrenier développe une approche très percussive de son instrument et dirige l’ensemble avec bienveillance. Le concert se clôt avec une seconde version de « Made of Sound of Joy », morceau qui l’avait vu débuter, hymne positiviste de l’orchestre à la mélodie entêtante.
En bonus, le dernier titre de l’album, « Living Things », est un joli duo des flûtistes régulières de l’orchestre, Fanny Ménégoz et Sylvaine Hélary (absentes lors du concert de Bobigny). Aérien, gracile et enlevé.
Julien Aunos
 

DJAM la revue, 9 décembre 2014
 
Sorti il y a quelques mois déjà, le dernier opus de Healing Unit mérite que l’on s’y attarde encore. Premièrement parce qu’aucune raison ne devrait nous empêcher de courir et crier, surtout en période de fêtes, à une époque où la sédentarité est pour nos dos endoloris et nos corps obèses synonyme de fléau. Musique salutaire donc. Ensuite et surtout parce qu’attaché à la justice et à la vérité, il fallait le dire sans barguigner : Music to run and shout, c’est bien. Très bien, même.
Précisons : très bien dans un genre assez précis, dont le groupe se départit rarement. Le genre en question n’est pour autant pas le plus audible de la scène actuelle puisqu’il s’agit d’un free extrêmement fidèle aux origines de cette musique qu’inventa Ornette il y a si longtemps, jusque dans ses titres à la précision naïve et poétique tel l’animal « Dog and Cat at Play ». Le thème de ce dernier, composé par le pianiste Paul Wacrenier, ponctue des soli enlevés de tout le quintet, dont un ébouriffant duo trompette/alto (respectivement Xavier Bornens et Arnaud Sacase) : l’immersion dans le New Thing d’Ornette Coleman et consorts, dès lors très troublante, est loin d’être désagréable. Elle rappelle surtout que cette musique a trempé son âme dans un blues chimiquement pur plus que dans les intellections arythmiques et atonales qui s’en sont parfois revendiquées : « Serendipity » et « A Blessed Hill in Fucking Hell » sont des blues évaporés au swing discret mais redoutable.
Healing Unit revendique à juste titre une ouverture et une créativité humble autant qu’anticonformiste. Leur apport à cette scène free est considérable dans ce retour sans tambours ni trompettes aux sources. Pèlerinage que peu de musiciens entreprennent, finalement… Au-delà de ces influences, la qualité des musiciens laisse souvent pantois : Paul Wacrenier, fin compositeur, dévoile un piano à la complexité touffue mais au vocabulaire très clair (Cecil Taylor en filigrane, peut-être), étonnamment mélodique. Comment expliquer autrement l’étrange beauté de sa pièce en solo, « Uncontrolled Memories » ? Autour de lui, la section imprime une texture audacieuse qui par moment flirte avec la pop grâce aux walking bass de Marco Quaresimin (« Run 3 ») tout en imprimant un tempo indéfectible (charleston de Benoist Raffin). L’impression d’une musique tendue comme l’attaque de la trompette de Xavier Bornens est à tempérer en prêtant l’oreille à toutes les couches de cette musique, qui revisite un free désormais classique avec une générosité débridée. Si l’on peut reprocher certains formalismes proches de l’exercice de style, demeurons justes et vrais comme ce quintet : pas de pastiche d’Ornette, malgré les envolées dolphiennes d’Arnaud Sacase. Plutôt une musique tendre et fragile dans cette maîtrise même. Une musique ouverte et riche. Music to run and shout, en liberté.
Pierre Tenne
Jazz news decembre 2015/janvier 2016  "indispensable" Jazznews
Paul Wacrenier épate. Mieux encore, il évolue et grandit sous nos yeux. Le Healing Unit est devenu Orchestra pour ce From Now On ! qui tranche singulièrement avec le reste de la production se revendiquant plus souvent du out que du in. C’est que le pianiste leader se singularise par sa brillante manière de faire jouer l’orchestre. Réminiscence de la relation très individuelle à l’écriture du Workshop de Mingus ? Attachement à la voix d’ensemble du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden ? Transmutation du blues à la Sun RA ? Un peu de tout ça bien sûr, mais aussi une franche personnalité, qui va droit au but sans oublier la pulsation ni la dynamique que seule une grande technique confère. Savourons donc le présent album et sa force évidente sans s’interdire de penser que la suite se révèlera passionnante. Qu’elle vienne, nous voilà prévenus !
Bruno Guermonprez
Healing Unit: Concert Review
1 Mars 2014 ,  JazzàParis 
Une très belle impression laissée par le dernier CD du Healing Unit (Music to run and shout), et l'inviation faite à Sylvaine Hélary de rejoindre le groupe, peut-être seulement le temps d'une soirée, rendaient alléchante l'annonce de leur concert du 1er mars à bord de la péniche "Improviste".
L'attente ne fut pas déçue.
Un groupe très engagé, énergique, débordant d'amour pour ce jazz d'âge déjà vénérable mais qui a su toujours se renouveler. C'est un jazz à la pulsation puissante, aux thèmes souvent assez simples et qui s'inscrivent bien dans les mémoires, des segments mélodiques repris plusieurs fois au cours d'un même morceau, comme des balises au sein d'improvisations très débridées. On est loin des redites d'un jazz convenu, célébrant à l'envie les gloires passées ou présentes et qui frisent la sclérose ou l'ennui. Ici, nul besoin de briser les idoles pour exister, ou de se fondre en elles pour rassurer. Une envie de jouer évidente, le plaisir de se retrouver, le désir de faire un nouvel enfant à ce jazz pourtant déjà bien doté.
On aurait pu imaginer que leur disque venant d'être publié, ils en feraient la promotion en en reprenant les thèmes. Bien sûr, c'est leur socle actuel, mais ils sont déjà un peu plus loin : la moitié des thèmes joués sont des compositions nouvelles. Ils ne tiennent pas en place !
Illustration de la manière dont la formation distille sa séduction avec deux morceaux joués en séquence, "The calling" et "NY laments".
Une belle et longue introduction à la contrebasse, une cymbale qui ponctue, vibre, volète, enfin le piano, pour installer une atmosphère toute en demi-teinte. Le rythme s'affirme, obsessionel, installant l'assise pour les souffleurs. Trois voix qui suivent leur propre vol : des chuchottements à la flûte, en rafales percussives, puis le sax, puis la trompette, en dérives libres et stationnaires. Le thème n'arrive que bien plus tard, une séquence de quelques notes, répétées, qu'on croit connaître de longue date. Un thème sitôt exposé, sitôt délaissé, pour la reprise des errances des souffleurs, une liberté qui s'étend à la batterie et au piano. S'installe un jeu de va et vient entre improvisation, où la matière sonore semble être le pivot, et ce thème qu'on aurait du mal à oublier.
Puis le deuxième thème, joué en continu, lyrique, encore construit à partir d'une séquence simple, répété à l'envie, parsemé d'improvisations des souffleurs sur ce socle puissant.
Lien direct : http://youtu.be/Q9a0hlpYHG4             
Guy Sitruk
A propos du HEALING ORCHESTRA et l'album "FROM NOW ON!"
DJAM La revue, septembre 2015
 
Comment dire ?
 
Comment dire l’obésité, l’obscénité d’une production musicale qui en ces temps de rentrée charrie chaque  jour ses théories de disques, albums, EP, clips, etc. ? Comment dire ce bruit permanent qui assourdit jusqu’à l’oubli de ce qui nous a fait nous prendre de passion pour cette musique-là ? Comment dire, et c’est plus intéressant, pourquoi certains musiciens s’en évadent, et nous emportent avec eux  ?
 
From Now On ! réunit dix de ces musiciens. L’évasion qu’ils proposent n’est pas affaire de virtuosité, malgré le vocabulaire étonnamment polymorphe du leader et compositeur Paul Wacrenier, son piano tour à tour aérien sous le coup d’arabesques lyriques (« Dancing Breeze »), d’une densité déroutante, derrière le temps et dans les aigus, pour retrouver comme une citation de stride, car effectivement, « Blues Is For Tomorrow ». Rien de plus vrai ! Cette évasion qui ne réside pas plus dans le long solo de basse de Yoram Rosilio sur « Impatience », les deux pieds dans des racines blues exprimées avec une force brute qui ne fait pas fi de la délicatesse (leçon de Mingus ou de Haden?), ni dans les improvisations désorientées mais droites au but des cuivres, Arnaud Sacase à l’alto, Léo Jeannet et Xavier Bornens à la trompette… Et pardon si je ne cite pas tout le monde.
 
Passons donc sur la virtuosité. Le Healing Orchestra poursuit plusieurs chemins vers cette musique qu’ils veulent et font sincères. Faire sonner l’orchestre : unisson hiératique du thème de « Made of Sound of Joy », thème à la simplicité inconvenante de swing que l’orchestration tirerait presque vers le bop le plus pur. Déferlements d’énergies très free (« The Black Cats Say », entre autres) qui s’en remettent ultimement et sans cesse aux mélodies concoctées par Wacrenier, à la tête d’un vrai big band de jazz. Explorer le silence. Construire un discours sans artifice depuis des traditions très clairement revendiquées, travaillées, écoutées, du jazz aux musiques d’Europe de l’est dont le bourdon fournit la matière de la suite « Three Grounds for Being ». Tenter une musique intelligente et exigeante dont l’enjeu premier reste toujours le groove, le swing, l’évidence.
 
Dire cette évasion et ces chemins très clairs (prolongés par un duo des flûtistes Sylvaine Hélary et Fanny Ménégoz). Sans se soucier au fond du comment, des influences revendiquées autant qu’insatisfaisantes à rendre compte à elles seules de cette musique touchante car singulière (à la vanvole : le William Parker du Little Huey Orchestra, forcément Dolphy et Andrew Hill, le workshop de Mingus, un soupçon de Sun Ra et de Max Roach pour les vicieux, que sais-je.) Peu importe après tout, si ce n’est pour dire encore les talents d’écriture de Wacrenier et d’improvisation de ces musiciens. La dire une dernière fois, pour ne pas rajouter au bruit ambiant, et céder la parole au Healing Orchestra, qui, comment dire ? convainc par l’évidence de sa nécessité.
 
Pierre Tenne
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Jazzman/Jazz Magazine
Du Jazz à La Java
Mardi, 10 Février 2015 19:15 | Écrit par Paul Jaillet
 
Un lundi par mois, l'infatigable résistant-militant de la cause du jazz, Gérard Terrones, le producteur équitable de musiques improvisées, organise avec opiniatreté des concerts toujours très ébouriffants, dans un lieu chargé d'histoire. Ce soir, au menu, c'est grand format
 
Dehors, le froid hivernal règne mais à l'intérieur la cave est chaleureuse. Un vrai big band fortement cuivré, il ne fallait surtout louper cela.
Cette superbe brochette de sept énergiques soufflants avait fière allure et dominait de sa hauteur un violoncelliste très mobile, astucieusement placé au premier plan. Sur le côté, un peu déservi par le piano droit du lieu, le chef, Paul Wacrenier, attentif et gentiment directif. A l'arrière plan, la rythmique assure un indéfectible soutien.
Au programme du premier set trois compositions originales du leader soit une musique créative forte et généreuse. On y retrouve l'influence assumée du little Huey Orchestra de William Parker, du Liberation Music Orchestra de Charles Haden, de la Great Black Music, du big band de Count Basie et aussi d'inventeurs révolutionaires comme Gunther Schuller et George Russell. Ce collectif fertile produit des alliances-alliages capiteuses très originales : duos très libertaires entre le baryton et le ténor, dialogue à l'archet entre contrebasse et violoncelle, sax alto rageur soutenu par de fougueuses trompettes, puissant mellophone fanfaron, agiles flutes primesautières, percusions pertinentes...... Ce big band dégage une formidable impression d'énergie positive communicative. Au second set, Leila Martial, vient joindre sa voix polissonne de funambule scatteuse aux envolées  rageuses de ce terrible orchestre qui réussit à combiner, avec malice, écriture recherchée et improvisation très libre.
Healing Orchestra était, en janvier dernier,  en résidence à Bobigny et a enregistré pour publier prochainement un CD. Affaire à suivre....
Healing Orchestra existe aussi en petit format. Sous l'appelation Healing Unit, ce quintet a publié sur le label Hôte Marge, un CD aux parfums furieusement Blue Note grande époque.
Paul Jaillet
Presse  articles complets
Chronique ImproJazz juillet 2014
Quand il est apparu, le free jazz a symbolisé un art libertaire dont les aspirations étaient autant politiques qu’artistiques, et même spirituelles comme le rappel Raphaël Imbert dans son récent ouvrage Jazz Supreme : initiés, mystiques et prophètes (Editions de l’éclat, 2014). 
En 2013 (date de l’enregistrement de ce disque), revisiter les bases et les éléments mêmes de ce type de musique a-t-il un sens ? En empruntant cette voie, Healing Unit ne prend-il pas le risque de verser dans une interprétation « de la redite » ? Je ne le crois pas. Même si, comme ici, leur musique s’inspire des grands anciens (ce que le groupe revendique tout à fait clairement dans les notes de pochette), la free music et ce qui en découle – la creative music, par exemple – demeurent au moins pour une part un activisme qui tente de réveiller les consciences. Car il n’est pas encore venu le jour où France Culture ( pour prendre une chaîne qui s’adresse à un public large sans pour autant faire les choix éditoriaux de TF1) diffusera à heure d’écoue maximale les œuvres d’Ornette Coleman ou celles d’Anthony Braxton. Du reste, prolonger une tradition n’est pas nécessairement la singer. C’est ce que prouve Healing Unit par ce disque au vagabonde historique, partant de la « seconde modalité » (Dolphy, le Second Quintette de Miles Davis, le Sam Rivers de chez Blue Note…), passant par Roscoe Mitchell, Cecil Taylor (et son « ancêtre » Monk) jusqu’à des contemporains tels que Tim Berne ou Dave Douglas, et même, pourquoi pas, Stockhausen et son intuitiv musik ( sur Uncontrolled Memories, un solo de piano du compositeur de toutes les pièces, Paul Wacrenier). Pour ne citer que la plage m’ayant le plus frappé,  Run 2 s’apparente à une irrépressible bulle d’énergier tout à fait excitante. Si aucune personnalité n’émerge réellement de l’ensemble, c’est bien parce que la cohésion du groupe se trouve aux centres des préoccupations de ce quintette. Bref, un album qui s’écoute avec plaisir et qu’Improjazz ne pouvait que soutenir.
Ludovic FLORIN
Chronique Culture Jazz Mars 2014
http://www.culturejazz.fr/spip.php?article2422
Voici un disque qui va chercher son inspiration du coté du jazz des années soixante-soixante dix, qui allie expérience de l’écrit et improvisation la plus libre dans la veine des Eric Dolphy, Art Ensemble Of Chicago, Andrew Hill jusqu’aux expériences de Tony Williams.
Que l’on ne s’y trompe pas c’est un jazz moderne et captivant empli d’un swing d’aujourd’hui que l’on écoute ici, une musique jamais gratuite. Et comme dit par Paul Wacrenier, cette musique est faite pour émouvoir et apporter la joie du jeu collectif à l’auditeur, sans chercher le sensationnel des traits fulgurants qui émeuvent tant les naïfs. S’appuyant sur des mélodies bien construites, sur une énergie positive, une tradition musicale créative, on dit oui à ce collectif qui a la générosité comme moteur. A écouter et espérons le à voir.
Pierre Gros
Chronique dustygroove (chicago) février 2014
http://www.dustygroove.com/item/686101/Healing-Unit:Music-To-Run-Shout
The first effort we've ever heard from The Healing Unit – a powerful quintet from the French scene, and one with a great ear for unified formations in modern jazz! The style here almost hearkens back to the best efforts of cutting-edge combos from the early 60s – groups headed by creative talents like Joe Harriott, Ornette Coleman, or Cecil Taylor – played here with a similar sense of forward-moving energy from the whole ensemble, but which is also very strongly dependent on each individual voice! Most of the music is relatively outside, but never too free – and shares maybe a similar interplay with structure and solos that you'd find in the contemporary Chicago avant scene too. The lineup features Xavier Bornens on trumpet, Arnaud Sacase on alto, Paul Wacrenier on piano and vibes, Mraco Quaresimin on bass, and Benoist Raffin on drums – and titles include "Dog & Cat At Play", "Mais Son Corps Bouge Encore", "Uncontrolled Memories", "Run 3", and "Geyser/Odd Sea".  © 1996-2014, Dusty Groove, Inc
Chronique Paris Jazz blog fevrier 2014
http://jazzaparis.canalblog.com/archives/2014/02/19/29242537.html
"... démarche qui consiste à produire une musique puissante, parlante, généreuse, en nous appuyant sur la force de la mélodie et l'énergie du swing".
C'est ainsi que Paul Wacrenier présente la musique de son 5tet. Et autant on partage son credo de début de phrase, autant on peut s'éloigner de sa fin.
Car justement, en écoutant ce très beau CD, une impression tenace s'empare de nous. C'est du free, et pour tout dire, du free des premiers jours, insouciant, déjà sûr de lui, ravageur.
Des thèmes souvent très simples, par moments acidulés, quelques notes répétées parfois, mais qui vrillent la mémoire et qui servent de tremplin aux solos, des thèmes qu'on n'hésitera pas à rejouer au cours même du morceau, à plusieurs reprise : des leïtmotives.
Des frappes rapides, très sèches (pas le balancement du swing), une basse obsédante, une énergie qui ne se dément que rarement, pour une musique qui surgit de l'urgence.
Des solos de trompette incisive (Xavier Bornens faisant claquer, éclater de courtes séquences) ou de sax torturé à l'envie (Arnaud Sacase et ses volutes tourmentées).
De larges séquences en formation de 4tet comme aux premiers temps d'Ornette, ce qui est un comble pour une formation dirigée par un pianiste. Et quand le piano joue, il est souvent percussif, oh sans être torrentiel, mais comme suspendu, l'économie des notes, des clusters, servant l'expressivité.
Et surtout, une musique d'une fraîcheur vivifiante, sans complexe.
Et sitôt formulée, cette impression s'épuise. D'abord les chants ne sont pas tous free. Il y a bien la couleur du free, mais la musique du quintette déborde largement. Quelques références aussi à cette belle épopée du jazz (peut-être même y a -t-il un zeste de Gorge Russel), quelques citations (the good life) et même, me semble-t-il, un écho à la contrebasse d'une ligne de pop (Rolling Stones ?). Ecoutes brouillées, probablement.
Faut-il citer des titres ? Evoquons alors la série des "Run" (un titre qui dit les choses), en particulier le Run2 suivi du Run1 (c'est comme ça), en continuité : des phrases à la trompette comme hachées, un soufle au sax qui s'étrangle parfois, un solo de batterie très enlevé qui se termine en une transcription rythmique du thème avant que de laisser quelques notes au vibraphone apporter un début d'apaisement. Une fin en forme de solo de contrebasse. Ils savent jouer collectif.
Enfin, Geyser/Odd Sea, morceau le plus long du CD, donne à entendre un chant bouleversant au sax alto, tout de vibrato sans pathos, et presqu'à la fin, un long silence, puis un solo au piano du leader, Paul Wacrenier, manière de nous épingler là.
 
"Music to run and shout", un titre de CD très justifié, même si les cris sont plutôt retenus. Une musique qui séduit, originale, créative et sans esbrouffe, un CD hautement recommandable et un groupe à découvrir si possible sur scène....
Guy Sitruk
Chronique Jazz Magazine janvier 2014
Une fois n'est pas coutume, voici un jeune groupe qui revendique ouvertement son inscription dans la tradition du jazz, sans pour autant se livrer à l'exercice souvent stérile des "hommages". Leurs références? A l'évidence, l'avant-garde afro-américaine du tournant des années 60, celle qui explorait hardiment de nouveaux horizons musicaux tout en gardant un pied fermement ancré dans le swing et le blues:  Eric Dolphy, Booker Little, Mal Waldron, Andrew Hill, Bobby Hutcherson... Sur un répertoire entièrement original, le quintette distille une musique tout en tension controlée, propulsée par une rythmique au drive incontestable. Certes, les solistes affectionnent un jeu volubile qui gagnerait parfois à se recentrer davantage, et l'enregistrement pâtit d'une prise de son un poil étriquée. Il n'en reste pas moins que l'ensemble séduit par son côté direct et sans esbroufe, et que les quelques passages de piano solo, anguleux et incisifs, donnent envie d'en entendre davanyage de la part du leader officieux du groupe, Paul Wacrenier, musicien à la modernité hors des modes et des tendances.
Pascal Rozat
A propos de HEALING UNIT: Music to run and Shout
Groupes et activités :
Paul Wacrenier
Pianiste, percussioniste, compositeur